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Jasmin
Jasmin - الياسمين
Description
Le jasmin est une plante grimpante ou arbustive appréciée pour ses fleurs délicates et parfumées. Elle regroupe plus de 200 variétés entre l’Eurasie, l’Afrique et l’Océanie. Son nom proviendrait de la perse. Ses petites fleurs, blanches ou jaunes selon les variétés, diffusent un parfum envoûtant, surtout en soirée.
Facile à cultiver, il s’adapte aussi bien en pleine terre qu’en pot, idéal pour orner pergolas, treillages ou balcons. Son feuillage vert et dense apporte une touche de fraîcheur au jardin toute l’année. Très apprécié en parfumerie, son essence est utilisée pour créer des fragrances raffinées. La majeure partie des jasmins utilisés en parfumerie viennent d’ailleurs d’un village en Égypte.
Au Liban, comme dans le reste du Levant, le jasmin pousse très bien et fait partie du décor : il est aussi omniprésent dans la musique, l’art et la littérature.
Le jardin contient plusieurs variétés dont le jasmin d’hiver, sans parfum mais qui a l’avantage de fleurir en hiver. Les jasmins blancs du jardin ont une belle généalogie : ils sont issus des boutures du jasmin de la mère du poète, Virgine, née Naaman, dont la maison était à Khandak el Ghamik.

Poème
Le Jasmin
Dans le petit jardin
De la vielle maison où mon père et ma mère
Abritaient le trésor d’une vie exemplaire,
Se trouvait, constellé d’astres frais, un jasmin.
Tous deux, soir et matin,
L’arrosaient, le soignaient, et leur seule querelle
C’était qui le premier cueillerait la fleur frêle,
Pour l’offrir au second, d’un beau geste enfantin.
Et le long des saisons,
Le jasmin pourvoyait, pour décorer leurs cierges,
L’église du quartier et l’autel de la Vierge
Qui protégeait la paix de la sainte maison.
Ma sœur, en grandissant,
Composait les colliers de sa première idylle
Avec les mille fleurs, peureuses et fragiles,
Que prodiguait sans fin le buisson innocent.
Tant de fois leur senteur
Allant à nos amis et ravissait leurs femmes
Que me parents semblaient n’exprimer plus leurs âmes
Qu’avec les blancs bouquets de ce jasmin en fleur.
L’arbrisseau généreux,
Comme leurs nobles cœurs, semblait inépuisable…
Hélas!…Quand ils sont morts, la plante périssable,
Dans leur jardin désert, faillit mourir comme eux!…
*
On dirait quelquefois qu’ils veillent sur leur plante
Qu’ils l’arrosent encor, qu’ils la soignent toujours,
Car jamais un jasmin, d’une ardeur débordante,
N’a donné plus de fleurs aux voisins d’alentour.
Depuis lors, le cœur gros, j’allais au cimetière
Quêter l’amour perdu, sur la tombe des miens;
J’interrogeais le sol, j’interpellais la pierre,
J’écoutais le silence, et je n’entendais rien!
{…}
*
Or un jour j’ai planté sur la tombe très chère
Le jasmin du jardin qu’en leur bonne maison
Je voyais arrosé par ma mère et mon père;
Et le jasmin fleuri, de la mort eut raison!
Car dès que je retourne auprès d’eux, leur silence,
Tout chargé désormais d’arôme et de couleurs,
Se remplit tout à coup de leur douce présence;
Je les sens avec moi respirer l’arbre en fleurs.
Tout près du cimetière, un amas de masures
Est peuplé d’ouvriers, braves et pauvres gens;
Ils viennent tous cueillir, enjambant la clôture,
D’innombrables bouquets au jasmin de maman.
{…}
Maintenant, quand je vais rechercher la tendresse
Et l’appui de mes morts si loin dans l’au-delà,
Une voix sans parole affirme à ma détresse,
Dans l’ombre du jasmin, qu’ils sont peut-être là!
Nous sommes de nouveau, rassemblés en famille,
Et grâce au végétal qu’un jour j’ai transplanté
Et qui fait de leur tombe une auguste charmille,
Mes morts semblent pour moi presque ressuscités!
Janvier 1940
Paru dans La Montagne Parfumée, Collection « Œuvres poétiques » – Tome 3, Éditions de la Revue Phénicienne, 2004