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L’olivier

The olive tree - زيتون

Description

Olea europaea

L’olivier est l’arbre méditerranéen par excellence. Il aime le soleil et tolère la sécheresse une fois qu’il a acquis une certaine maturation. Il se caractérise par un tronc sinueux et épais et des feuilles allongées aux reflets argentés. Il produit aussi de petites fleurs blanches.

Connu pour sa longévité, certains peuvent vivre des centaines d’années voire un millénaire. Le plus vieil olivier se trouve en Crète et aurait 3000 ans… L’olivier est l’un des plus vieux arbres cultivés au monde.

Il est connu bien sûr pour ses olives utilisées dans la cuisine et la médecine. La couleur de l’olive dépend du temps de la cueillette : plus les olives restent sur leur branche, plus elles sont noires.

Les grecs ornaient les vainqueurs de jeux olympiques avec une couronne de feuilles d’oliviers. L’arbre est cité dans la Bible ainsi que le Coran.

Pour Corm, c’est un arbre triste, exilé de l’Éden et témoin de la trahison de Judas.

Poème

L’Olivier

-I-

 

Ce n’est pas que son tronc zigzague, hésite ou biaise,

En ascendant du sol ; ni massif, ni touffu,

Mais perplexe, complexe, on le sent mal à l’aise;

Quelque chose le trouble; il semble un peu confus.

 

Il emporte pourtant beaucoup d’air dans ses branches

Comme s’il eût voulu mieux respirer là-haut;

Il a comme un regret qu’aucun aveu n’épanche,

Comme un vieux souvenir sur quoi rien ne prévaut.

 

Il monte, cependant, résolu, vers la nue;

Nullement tortueux, ni faible, ni tremblant,

Son geste reste grave. Une peine inconnue

Charge ses bras noueux, sans briser son élan.

 

Sa feuille minuscule est si sèche et si dure,

Qu’on croirait à la voir sur les sombres arceaux,

Un métal dépouillé de suc par la nature,

Déchiqueté sans fin, et broyé par morceaux.

 

La poudreuse couleur de ce menu feuillage

N’a rien de la gaieté d’aucun arbre vert;

Elle est, comme le front trop précoce du sage,

Tristement pâle et grise, avec des tons amers.

 

Sa fleur imperceptible est à peine plus grande

Que son petit bourgeon. La peur d’être meurtri

Contracte son calice, au point qu’on se demande :

Quand donc l’Arbre de la Paix a-t-il jamais fleuri ?

 

L’éclat de son printemps semble épuisé d’avance ;

Sa forme, éparpillée en de sombres accords,

A les reflets plombés dont on voit la nuance,

Comme un signal fatal, sur un vieil arbre mort.

 

Il est dans l’olivier une noblesse extrême

Qui garde le secret d’un profond désespoir.

Il a l’air presque en deuil, inconsolable et même,

Unique dans son genre, il porte des fruits noirs.

 

C’est qu’il ne peut, sans doute, oublier l’agonie

Les larmes, l’abandon, le silence et l’horreur

De l’Amour à genoux, – lorsqu’à

L’Iscariote a trahi Jésus, notre Seigneur !…

 

-II-

 

Voilà les traits précis et la fidèle image

Qui paraissent d’abord, quand on les voit de prés.

Mais de loin, le gris-vert de son léger plumage,

Pour le bleu-gris du ciel. Semble être fait exprès.

 

Car la moindre distance estompe et décolore

Ses rameaux argentés dans l’azur innocent ;

Et pour mieux s’élever, comme il s’évapore,

Il se fond dans le jour ainsi qu’un pur encens.

 

Il se distingue alors, comme un noble visage,

Par son effacement dans la splendeur de l’air,

Car dès qu’on s’en éloigne, au fond du paysage,

Le cyprès est plus sombre et l’olivier plus clair.

 

On dirait sur les champs une veilleuse blanche,

Une humble effusion de prière et d’espoir ;

Et la douce lumière où s’allument ses branches

Tendrement se marie à la douceur du soir.

 

Ses feuilles ne sont plus qu’une dentelle étrange,

Un subtil filigrane, un texte d’oraison,

Spirituellement dessinés par les anges

Sur le mystère obscur qui brûle l’horizon.

 

On se souvient alors des soubresauts tragiques

Qui poussent sa racine à s’arracher du sol,

Et tordent sur son tronc ses muscles énergiques,

Comme pour fuir la terre et pour prendre son vol.

 

Dieu ne l’a pas créé pour l’argile terrestre.

Exilé de l’Éden à jamais printanier,

Un maléfice obscur ici-bas le séquestre,

Dans les fers de ce monde il se sent prisonnier.

 

Il a vécu jadis au pays d’une fable

Plus belle que les chants d’un poète enchanteur,

Les mystiques saisons d’un soleil ineffable

Élevaient ses rameaux dans un climat d’honneur.

 

Le discret olivier est un aristocrate,

D’autant plus simple et fier qu’il ne daigne montrer

Les titres ni le rang dont la nature ingrate

Et le destin cruel ont voulu le frustrer.

 

Mais il garde toujours de son passé de gloire

L’habitude et l’instinct du geste généreux ;

Il reste, parmi nous, modeste et sans histoire,

Pacifique et serein, quoiqu’il soit malheureux.

 

C’est peut-être pourquoi depuis des jours sans nombre,

L’olivier bienfaisant, de l’Éden émigré,

Malgré sa feuille grise et son fruit triste et sombre,

Nous donne l’huile sainte et le baume sacré !

 

 

Février 1940

 

Paru dans La Montagne Parfumée. Collections “Œuvres poétiques” Tome 3, Éditions de le Revue Phénicienne, 2004.