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Jardin: Plantes & Poèsies

LOIN DU MONDE

Ici le chant du coq découpe le silence.
Le petit pépiement des oiseaux, le matin,
Réveille l’espérance. Un long palmier s’élance,
Comme un cri de verdure, au milieu du jardin.

Le soleil comme un dieu dans l’azur se balance.
Chaque jour à l’aurore il monte du jasmin,
Et le soir il descend, chamarré d’opulence,
Dormir dans le rosier qui borde le chemin.

Aujourd’hui c’est hier, et hier c’est demain,
Car tout semble éternel!… Ah, selon votre image,
Si vous m’aviez fait, mon Dieu, de votre main,

Je voudrais tant avoir, perdu dans ce bocage,
Comme la fleur, le fruit, la branche et le feuillage,
Une âme végétale et qui n’a rien d’humain!…

Février 1940. La Montagne Parfumée.  Collection « Œuvres poétiques » – Tome 3, Ed. de la Revue Phénicienne, 2004.

Il y a cent ans Charles Corm acquiert un terrain reliant le port de Beyrouth aux routes de Syrie et de Palestine. Il y construit le premier gratte-ciel du Liban comme quartier général de l’agence Ford dont il est le représentant pour le Levant et emploie le terrain pour le montage des automobiles.

À l’âge de 40 ans il délaisse les affaires pour la culture et les arts et publie La Montagne inspirée (1934), fonde La Société des Amis des Arbres (1936) et consacre beaucoup de sa poésie à la faune et la flore, notamment dans La Petite Cosmogonie Sentimentale (1909-1950) et La Montagne Parfumée (1930-1940).

Le bâtiment fut alors transformé en résidence familiale, et le terrain métamorphosé en un jardin foisonnant de fleurs, de palmiers et de manguiers, bordé d’eucalyptus et de cyprès. Dans ce cadre naturel vivaient des gazelles, immortalisées par les pinceaux d’Omar Onsi, parmi les sculptures de Yousef Hoayek, à qui Corm aménagea un atelier au sein même de cet espace.

Corm décède en 1963. Sa famille restera dans la tour blanche jusqu’à la guerre de 1975 et verra la ligne de front s’établir dans la propriété vandalisée et bombardée.

En 2008, ses enfants crée la Fondation Charles Corm pour préserver l’immeuble Art Déco et honorer la pensée humaniste du poète. Le jardin, qui perdit beaucoup de ses plantes est réaménagé. Commencée dans les années 1970, la pépinière, mémoire de la végétation qui embellissait les lieux avant-guerre, revit autour du cœur du jardin. Ses plantes sont distribuées aux collectivités et visiteurs souhaitant contribuer à la régénération de la nature. L'un des derniers espaces verts de Beyrouth devient un refuge pour les oiseaux, insectes et même une famille de tortues...

Désormais au centre du Campus Charles Corm, ce jardin est un heureux mélange d'histoire, de nature et d'une fondation réunissant la communauté intellectuelle pour un avenir meilleur et durable.

CLIQUEZ SUR LES IMAGES CI-DESSOUS POUR DÉCOUVRIR PLUS D'INFORMATIONS SUR LES PLANTES DU JARDIN, AINSI QUE LES POÉSIES DE CHARLES CORM RELATIVES À CHACUNE D'ENTRE ELLES.